jeudi 4 décembre 2014

Maintenir le cap par une adaptation au changement

Dans la catégorie « entrepreneur adaptable au changement », je nomme le champion Loïck Peyron. Alors que nous sommes encore sous le coup de l’admiration face à sa nouvelle performance à la route du Rhum, je vous propose de revenir sur son parcours, jonché d’épreuves et de rebondissements, de détermination  et d’ajustements. Ce décryptage de succès, à la lumière de pensées métaphoriques sur la navigation, nous permet d’identifier 7 points-clés à suivre pour les entreprises dans le maintien de leurs objectifs face aux vagues et vents incontournables du marché.


Histoire d’une réussite:

Loïck Peyron a gagné le 10 novembre la 10ème édition de la Route du Rhum avec le maxi trimaran Banque Populaire VII, en 7 jours 15 heures et 08 minutes améliorant du même coup de 2 heures le record de l'épreuve en 2006 par Lionel Lemonchois (7 j 17 h et 19 min)
Dès le départ de Saint-Malo à 20h00 le 2 novembre, il avait pris la tête de la flotte de 91 concurrents pour ne plus la lâcher.
Mais pour lui, "le record est anecdotique. C'est la cerise sur le bateau". Retour sur l’essentiel…


Clé 1: Réagir, adhérer et s’adapter

Seuls ceux qui sont suffisamment fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y arrivent.” Steve Jobs

La performance « last minut » de Peyron laisse pantois, alors qu'il avait pris en mains son bateau seulement deux mois et demi avant le départ, remplaçant presqu’à la volée le skipper désigné, Armel Le Cléac'h, obligé de renoncer en raison d'une blessure au poignet droit. Peyron, 55 ans ce 1er décembre, devait à l’origine participer au «Rhum» 2014 avec un petit trimaran d’une douzaine de mètres de long, semblable à celui avec lequel le Canadien Mike Birch avait gagné la première édition de la course en 1978. « J’avais envie de vivre la course dans les conditions d’autrefois, sans électronique et avec une carte papier, afin d'honorer les pionniers. Je m’apprêtais à partir à bord de mon petit Happy, un bateau qui avait permis à Birch de remporter la première Route du Rhum, lorsque Banque Populaire m’a téléphoné pour me proposer de remplacer Armel. »  Il refuse dans un premier temps la proposition, puis accepte rapidement de relever le défi, prêt à mettre en œuvre un plan drastique pour gagner. «  Ce projet est le plus dingue que j’ai accepté !»



Clé 2: Connaître son cap, se fixer des objectifs et se concentrer sur le résultat

 « Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va » Sénèque

Lorsque l’on demande à Peyron « Vous a-t-on fixé un objectif ? », il répond : « Je n’en ai pas besoin, je ne suis pas là pour faire de la croisière. ». Le capitaine, à l’instar de tous les grands explorateurs, connait son cap et se fixent lui-même ses objectifs pour l’atteindre.

« J'ai toujours été un peu fébrile la veille de mes transats, et cette fois, tout en connaissant parfaitement les conditions qui nous attendaient, j'étais très confiant dans le dessin stratégique, dans la vision de ce que j'allais faire. Tout était écrit avec précision. J'avais la force tranquille, et c'était très agréable, sans velléité de partir comme un fou, simplement concentré sur le résultat. »



Clé 3: Identifier les risques et se préparer

« Le pessimiste se plaint du vent, l'optimiste espère qu'il va changer, le réaliste ajuste ses voiles. » William Arthur Ward

Les secrets d'une telle réussite résident dans un savant cocktail de pragmatisme et de professionnalisme technique, à travers une préparation intelligente d'outils prêts à l'exploit, et de protocoles aboutis dans l'interaction des compétences humaines. En deçà du plan stratégique, le vaillant quinquagénaire se met en condition physique : « J’ai ressorti mon magnifique vélo collector du grenier ! Je hais le sport mais je m’y suis remis, déguisé en smarties sur les routes de Bretagne »


Clé 4: Repérer les acteurs-clés ; favoriser les échanges et la transmission au sein de l’équipe

"Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose. Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer." Antoine de Saint-Exupéry

Dans un esprit d’équipe, le challenge se prépare, conjuguant la force, l’expérience et les talents de chacun, au service de la réussite commune.  C’est ainsi que, maîtrisant parfaitement le Maxi Solo Banque Populaire VII, Armel Le Cléac'h, aux côtés de Ronan Lucas , directeur sportif de l'équipe Banque Populaire, et de Marcel van Triest, navigateur de talent, accompagne Loïck Peyron dans sa préparation ainsi que dans la cellule de routage, pour lui livrer toute son expérience acquise au cours des 4 transatlantiques et 2 records effectués à bord de ce trimaran géant. "La collaboration avec Armel et Marcel était vraiment efficace. Ils m'ont chouchouté, pour que je n'oublie rien. C'était sympa… On a fait un joli boulot, très propre, bien déroulé. Je suis heureux de voir tous les sourires de l'équipe ; une victoire en solitaire ne peut pas se faire sans une belle équipe", a reconnu Loïck Peyron à son arrivée.


Clé 5: S’appuyer sur nos points forts et notre expérience

« La connaissance est une navigation dans un océan d'incertitudes à travers des archipels de certitudes. » Edgar Morin
Aucun modèle de bateau à voile n’échappe à ce marin hors pair, et au fil des années, Peyron se forge un palmarès formidable dans les courses transocéaniques. Il remporte notamment trois fois la Transat solitaire Anglaise, participe à quatre tours du monde, traverse 48 fois l’Atlantique, dont 17 en solitaire.

« Douter est un début de confiance. Il faut être en situation de doute permanent. La certitude, c'est le début des ennuis. Mais j'avais une totale confiance en ce bateau et en mes possibilités, ainsi que dans ma capacité à gérer et à être en phase avec lui… »



Clé 6: Surmonter les épreuves

"On ne renonce pas à sauver le navire dans la tempête parce qu'on ne saurait empêcher le vent de souffler. " Thomas More

Ça n'est jamais cité dans son palmarès, et pourtant, Loïck a déjà gagné la Route du Rhum en 1986. Jeune et fringuant, il démate dès le départ dans la baie de Saint Malo. « Je suis reparti 3 jours plus tard, à l’attaque avec le défi de me dire que vingt jours plus tard, je serai devant tel et tel bateau. » Malgré son nouveau départ 3 jours après les autres, il maintient sa détermination, rattrape tout le monde et remporte la victoire dans sa catégorie des 50 pieds, franchissant la ligne d’arrivée en 5ème position, toutes catégories confondues.



Clé 7: Et last but not least : donner DU SENS à l’aventure !

« Votre raison et votre passion sont le gouvernail et les voiles de votre âme navigante. »
Khalil Gibran

Le plus beau moteur de nos métiers, reste le sens qu’on donne à nos actions quotidiennes, portés par une vision, une mission partagée.  « On a ce luxe incroyable de pouvoir choisir nos souffrances, alors pourquoi s’en plaindre ? On vit parfois des moments hallucinants, des nuits à la barre à la limite du chavirage. Ces moments on les oublie, sinon on n’y retournerait pas. Je me suis juré 1000 fois par transat de ne pas refaire ça et ça fait 40 ans que ça dure. »


Je finirai cette belle histoire de réussite en souhaitant à chacun de vous pour vos expéditions, vos traversées, vos explorations, vos découvertes : BON VENT et à bientôt !

Dans un esprit collaboratif d’anticipation et d’implication, pensez à préparer et accompagner vos équipes au changement, par la FORMATION et le COACHING :

"Face au monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement !" Francis Blanche

* citations de Peyron extraites entre autres de l’interview RTL 2 novembre 2014 :