jeudi 27 mars 2014

Éloge de la routine

« Est-ce qu’il t’arrive d’avoir l’impression que tout se répète chaque jour, que tu as déjà fait la même chose mainte et mainte fois ? »

L’impression et la peur de la monotonie reviennent souvent dans les propos des personnes, clamant: « je déteste la monotonie et la routine, et je fais tout pour la combattre !».
Or, ces mêmes personnes inquiètes de la vie qui se répète, en quête de mieux, de plus, d’ailleurs, ont souvent des difficultés à apprécier l’instant présent. Elles dépensent une énergie phénoménale à vouloir défier les minutes, combattre le temps qui passe, inéluctable.
Comment trouver le juste équilibre entre vivre ici et maintenant, tout en rêvant sans cesse autre chose ?

J’avais une voisine, maman d’un enfant à la même maternelle que le mien, qui vibrait à la seule perspective de "sa" sortie mensuelle. Chaque mois, le même rituel ancré dans sa routine: faire garder les enfants pour une soirée en tête à tête avec son mari, pour se payer toujours le même restaurant sur les Champs Elysées, puis visiter en long et en large le Virgin Megastore. Personnellement, je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il y avait de génial à ça. Et j’ai longtemps envié ma copine d’être capable de se satisfaire de cette répétition simplissime, qui comblait les heures creuses de sa monotonie quotidienne, alors que je rêvais d’aventure et de sauts en parachute.

Dans le Larousse :
Monotonie: Manque lassant de variété, de diversité 
Routine quotidienne: Habitude mécanique, irréfléchie, et qui résulte d'une succession d'actions répétées sans cesse. Ensemble de ces actions, de ces gestes faits mécaniquement qui crée un état d'apathie, une absence d'innovation.

Aussi répétitifs qu’ils paraissent, nos besoins vitaux et le temps qui passe régentent notre rythme journalier comme autant de repères rassurants. C’est à partir de ce « fondamental » que nous pouvons imaginer la variété, la diversité, la créativité.

Les plus grands musiciens maîtrisent le solfège et les gammes, de longues heures de répétition inlassables, pour se permettre de broder, de composer, de divaguer dans leur style, apposant aux bases classiques leur touche d’originalité, d’innovation, de fantaisie.
Le pianiste contemporain, Michel Petrucciani, chantait les classiques de jazz à l’âge de 3 ans, jouait du piano à 4 ans grâce à son père musicien et son professeur de piano. C’est à partir de ces apprentissages de base, rabâchés sans relâche, qu’il a pu laisser son oreille dicter ses compositions, et ses mains glisser sur le clavier d'un free jazz novateur de longues années durant.

« Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ». Cette citation du poète, écrivain et critique français Nicolas Boileau signifie que c’est dans les actions qu’on aura répétées inlassablement qu’on pourra briller et exceller.
En peinture, Picasso ou Mondrian, avant de se lancer dans l’abstrait, ont exercé leur talent à travers le figuratif, pour acquérir la maîtrise des techniques de nuances, de tonalités, de lumière, de perspective…c’est à partir de ces bases essentielles que chacun d’eux a développé sa valeur ajoutée, sa différence.
Le Dalaï-Lama lui-même reconnait que ces rituels quotidiens, comme l'autodiscipline l'obligeant à se lever chaque jour à 4 heure du matin pour sa méditation, lui permettent de garder cet inaltérable sourire serein et diplomatique qui le caractérise.

Alors, je propose de remplacer « monotonie » ou « routine » par « essentiel ». Si l’on considère le quotidien, nos gestes, nos tâches, notre rythme: tout est lié à l’alternance des saisons, des jours et des nuits, de notre inspire et notre expire, de nos besoins de dormir, de manger…
Accueillir le temps qui passe, les gestes simples du quotidien, comme autant de cadeaux que certains, déracinés et perdus, n’ont pas.

Je me réveille le matin ; merci pour cette nouvelle journée qui m’est offerte de découvrir. 
Dans nos contrées, le temps est variable; surprise chaque jour au réveil pour des matins nullement pareils. Malgré les apparences, les jours se suivent et ne se ressemblent pas.
Je me brosse les dents ; quelle chance d’en avoir encore ! Je vais pouvoir sourire bouche ouverte de joie, prêt à croquer la vie à pleines dents.
Je fais la vaisselle, ou la lessive; une belle occasion de me retrouver, sans me prendre la tête. La belle perspective du propre et du renouveau. 
Tout pareil lorsque je patiente dans la rame du métro qui traîne, ou lorsque j’attends à la seule caisse du supermarché qui n’avance pas ! Un moment de rêve et d’évasion, simple comme l’air que je respire. Du temps pour moi, rien que pour moi !

S’ancrer dans le quotidien, comme dans une seconde peau, apprécier les sensations familières, explorer chaque jour le banal d’un œil nouveau, écouter et ressentir les nuances, aussi ténues soient-elles, car le monde est en mouvement constant, malgré notre impression d’immobilisme.

Saint-Augustin proposait dans ses Confessions : "Il y a trois temps: un présent au sujet du passé, un présent au sujet du présent, un présent au sujet de l’avenir".
Apprécier le quotidien permet au présent d'exister.
Accueillons la simplicité quotidienne comme une musique ou toile de fond, pour s’octroyer le droit de rêver, de créer, d’innover pour devenir soi-même, entièrement et complètement.

mardi 25 mars 2014

La vente émotionnelle: pour le plaisir de trouver ce qui nous convient

Dans le magazine Points de Vente, mes suggestions pour un magasin physique émotionnel, versus le magasin connecté. 
Lorsque le vendeur respecte le ressenti du client, le magasin devient un lieu social, vecteur d'émotions et de contact humain. L'acte d'achat authentique peut enfin correspondre aux besoins de la personne, et non à une quelconque influence (de la mode, du vendeur, de la marque...). De là, naît la confiance.
L'humain au cœur des échanges, toujours.


Retrouvez l'enquête complète dans le lien ci-dessous: